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Renforcement de l'intérêt pour l'expérience patient

Aider à Aider • avr. 05, 2021

L’IFEP a présenté, jeudi 21 janvier, son 3ème baromètre de l’Expérience Patient, réalisé en pleine crise de la covid-19, qui montre une progression de la maturité des professionnels et des patients sur l’évaluation et la prise en compte de l’expérience patient. Interview d’Amah Kouevi, directeur de l’institut.


Quels sont les principaux apprentissages de ce baromètre ?

Nous constatons tout d’abord le renforcement de l’intérêt sur la notion d’expérience patient et de la volonté des professionnels de santé de se mobiliser : 95 % souhaitent être partie prenante de projets d’évaluation et de prise en compte de cette expérience. Il y a aussi un consensus, chez les professionnels et les patients, sur l’amélioration du système de santé qu’elle permet.

Pour autant, il semble que très peu des patients partagent leur expérience. Ce contraste s’explique notamment par l’absence de dispositif en routine pour favoriser ce partage, ni de démarche proactive. Cette perspective paradoxale est aussi une opportunité, une direction que l’on doit se donner pour transformer le consensus en pratique pour ouvrir ce réservoir d’expériences à fin d’amélioration du système de santé.

Le deuxième apport concerne les proches. La dernière enquête avait mis en avant le distinguo entre les expériences des patients et des proches, non superposables. Nous avons donc creusé le sujet cette année. 4 proches sur 10 trouvent que leur avis est peu, ou pas, pris en compte et la moitié ne se sent pas suffisamment guidé pour aider leur proche. D’ailleurs, l’expérience des proches semble même moins bonne que celle des malades. Ce contraste est d’autant plus marqué dans les établissements médico-sociaux.

Le troisième point saillant est la différence de perception entre les professionnels et les patients sur l’écoute. Les professionnels se croient plus à l’écoute que ne l’estiment les patients. Ce delta tend à se réduire mais demeure important.

Y-t-il eu un effet covid sur l’expérience patient ?

L’enquête a été réalisée en novembre. Certains indicateurs ont en effet significativement bougé dans cette année particulière. Tout d’abord, les malades chroniques sont en moins bonne santé. Deuxièmement, nous constatons un décrochage de l’expérience vécue dans les établissements médico-sociaux encore plus qu’en établissement sanitaire.

Troisièmement, parmi les principaux freins au développement des actions de prise en compte de l’expérience patient, le stress et les situations de burn-out des professionnels ont été beaucoup plus souvent cités avec une augmentation de 12 points en un an. Ce n’est pas une surprise ; les indicateurs viennent confirmer ce que l’on pouvait imaginer.

Où en est la reconnaissance de l’expérience patient comme levier d’amélioration ?

Cette reconnaissance s’impose progressivement, sur le terrain dans les établissements de manière un peu diffuse sans méthodologie structurée. L’intérêt croissant se concrétise dans l’envie de mieux l’organiser, en lien avec les patients. Cette démarche est à encourager en interne et à l’échelle institutionnelle. En ce sens, la nouvelle certification des établissements, qui intègre la prise en compte de l’expérience patient, peut constituer un déclic et donner une direction. D’ailleurs, on constate un recul de la défiance des professionnels sur la démocratie sanitaire et la participation des usagers et de leurs représentants.

Dans le baromètre, nous suivons chaque année, l’estimation des professionnels sur la position de leur établissement en termes de politique d’amélioration de l’expérience patient. Clairement, cet indice est en net progrès. Les professionnels ont compris l’intérêt ; le mouvement est enclenché même s’ils ne sont pas toujours au clair sur la direction à emprunter.

Est-ce le résultat de l’implication des patients, représentants de patients et associatif ?

Il existe clairement un mouvement en faveur d’une plus grande reconnaissance de l’expérience patient. La conviction des professionnels d’adopter ces démarches semble notamment se forger sur les études documentées et les articles scientifiques sur le bénéfice clinique du recueil de l’expérience patient et sur les répercussions positives sur leur pronostic.

Le niveau de formation, de compétence et de disponibilité des représentants de patients est encore hétérogène. Pour autant, leur implication progresse et ne devrait pas se limiter aux commissions des usagers. Nous avons aujourd’hui un corpus de méthodes, une panoplie de possibilité d’agir entre professionnels et patients qui nous emmène vers une valorisation de l’expérience des usagers.

Comment se place le numérique en santé dans cette panoplie ?

Le numérique en santé représente une grande opportunité d’amélioration de l’expérience patient ; pas tant parce que le numérique serait systématiquement une source de progrès par essence, mais parce que l’amélioration de l’expérience patient passe par une personnalisation. Cette personnalisation à large échelle suppose d’utiliser des outils numériques. Dans la chirurgie ambulatoire ou le parcours des patients chroniques hors-établissements de santé, le lien peut être maintenu en partie grâce à des outils numériques, qui permettent d’accompagner le patient, de consigner une mémoire de son parcours et de prendre de meilleures décisions.

A mon avis, les discussions se concentrent trop sur les risques et pas assez sur les atouts. Les risques d’utilisation, de perte de confiance, de mésusage des données sont réels et ne sont pas à minimiser. C’est le rôle notamment des experts de les réduire. Pour autant, côté patients, nous devrions mettre plus en avant les avantages.

Ces outils peuvent réduire les risques et améliorer la qualité de vie. Il est nécessaire d’investir beaucoup plus d’énergie dans ce champ, tout en faisant participer les patients en amont pour garantir les usages adéquat et designer des outils utiles et efficaces pour leur prise en charge.


Parcourir la présentation du Baromètre de l’expérience patient du jeudi 21 janvier 2021


par Damien Dubois 15 nov., 2022
Santé en danger : patients et soignants expriment leurs difficultés et inquiétudes dans une grande enquête Les résultats de l’enquête flash conduite par Action Patients en octobre, à laquelle plus de 1700 patients et 300 soignants ont participé, font état de très nombreuses difficultés d’accès aux soins, voire même de pertes de chances, ayant des impacts importants sur la prise en charge et la santé des personnes malades. Une enquête 100% interassociative Initié en juin 2022, un mouvement interassociatif s’est progressivement constitué autour de préoccupations liées à la dégradation de la pris e en charge des patients. Cette volonté d’agir collectivement a abouti, en septembre 2022, à la création du collectif Action Patients [1] . Cette étude s’ inscrit dans un contexte où l’hôpital et la médecine de ville sont au bord de l’asphyxie, gravement touchés par différentes problématiques aux origines anciennes. Elle a pour but d’objectiver les difficultés d’accès aux soins rencontrées par les patients, dont ils témoignent régulièrement auprès des associations qui les représentent. Les résultats de cette enquête, entièrement financée à partir des fonds propres des associations membres du collectif, ont été analysés par Christian Baudelot, professeur émérite de sociologie à l’Ecole Normale Supérieure. Des données qui attestent de la gravité de la situation à l’hôpital, tant du point de vue des patients que des soignants De nombreuses difficultés qui, le plus souvent, ne sont pas expliquées aux patients Majoritairement pris en charge à l’hôpital public (à plus de 80%), les patients ayant participé à l’enquête ont, pour moitié (49%), rencontré des difficultés d’accès aux soins sur les 12 derniers mois. Parmi les plus fréquemment citées : les difficultés à accéder à des examens diagnostiques (19%) et aux consultations de suivi (14%), des reports de soins (15%) et des délais anormalement longs pour une première consultation (14%). Dans certains cas, ces difficultés confinent à de véritables maltraitances institutionnelles : « Des infirmières en chambre stérile de plus en plus speed en raison du manque de personnel. Lors des soins, un temps d’attente pour intervenir de plus en plus long après avoir ‘sonné’, à un tel point qu’une fois je me, suis fait pipi dessus faute de bassin arrivé à temps », raconte une patiente. Pour près de 40% des patients, aucune raison n’a été invoquée pour justifier ces difficultés et lorsqu’elles sont expliquées, les causes mises en avant tiennent en premier lieu au manque de médecins (30,2%) et d’infirmiers ou autres personnels soignants (23,3%). Côté soignants, le bilan est plus sombre encore. 58% des répondants déclarent avoir dû proposer une prise en charge non-optimale à leurs patients en raison d’un manque de ressources ! Environ la moitié ont eu des difficultés à adresser leurs patients ou obtenir un rendez-vous pour des examens diagnostiques (53%) ou avec un spécialiste hospitalier (49%). Nombre d’entre eux ont dû reporter des soins (44%), allonger les délais de consultations de suivi (39%) ou de premières consultations (38%). Plus inquiétant encore, 15% des soignants déclarent avoir dû refuser des soins urgents à leurs patients ! Sans surprise, pour les soignants, la principale raison de ces difficultés est liée au manque de d’infirmiers et autres personnels (pour plus de 80% d’entre eux), suivie du manque de médecins (près de 60%), du manque de lits (58 %) et de la fermeture de services (53%). Une prise en charge qui tend à se dégrader, avec de forts impacts sur la santé Près d’un patient sur trois estime que sa prise en charge s’est en effet (12%) ou peut-être (19%) dégradée sur les 12 derniers mois. Sur plus de 300 patients ayant subi cette altération, une large majorité estime qu’elle a eu un impact sur leur santé physique (plus de 62 %) et psychologique (81%) ou sur celle de leurs proches. Au final, 44 % des patients interrogés s’estiment assez, voire très inquiets pour leur prise en charge de leur maladie. Un écart de taille avec l’expérience des soignants qui, de leur côté, déclarent à plus de 85% que la prise en charge des patients s’est dégradée au cours de l’année écoulée et à plus de 75% qu’elle a occasionné des pertes de chances. Cette différence de perception tend à confirmer l’hypothèse selon laquelle les patients ne sont pleinement conscients des préjudices qu’ils subissent, par manque d’information sur la prise en charge à laquelle ils pourraient prétendre. Les soignants témoignent, eux, de « l’envers du décor ». L’urgence d’une réforme d’envergure « Pitié, de l’argent pour les hôpitaux ! Une politique efficace pour la formation de nouveaux médecins semble une nécessité absolue », s’insurge un patient ayant participé à l’enquête. Alors que plus de 80% des soignants considèrent que sans réforme du système de santé, la qualité et la prise en charge des patients se dégradera au point de mettre en danger la santé des patients, les pouvoirs publics continuent d’adopter des mesures d’urgence pour tenter de « tenir » d’une crise à l’autre. #SauveTonHopital Action Patients a donc décidé de lancer une grande campagne de communication sur le thème #SauveTonHopital car notre santé est l’affaire de tous et c’est ensemble que nous pourrons nous faire entendre. [1] Le s associations, membres fondateurs du collectif Action Patients, sont les suivantes : AAAVAM, Actions Traitements, ADMD, AFA Crohn-RCH, AFH, AFPric, AFSA, Aider à Aider, Alliance du Coeur, Alliance maladies Rares, Amadys, AMFE, ANDAR, ARSLA, Cancer Contribution, Diabète et méchant, EGMOS, ELLyE, Fédération Caire, FFAAIR, France Greffe Coeur et/ou Poumons, Juris Santé, Laurette Fugain, Les Séropotes, Mélanome France, Patients en réseau, Renaloo, RoseUp, Transhépate, Vaincre la mucoviscidose.
par damiendubois 20 avr., 2022
« Les patients s’engagent », une plateforme pour valoriser l’engagement des patients dans sa diversité et sa richesse
par Aider à Aider 02 sept., 2021
L’association Aider à Aider et l’Agence Patient Conseil lancent la plateforme « Les patients s’engagent » destinée à valoriser les initiatives de patients ou d’aidants.
par Aider à Aider 11 janv., 2021
Aider à Aider continue sa série d’entretiens avec des associatifs sur la façon dont ils ont traversé cette année 2020 et les deux confinements successifs. La crise sanitaire en 2020 a aussi été le théâtre du lancement de dynamiques inédites, comme la Ligne C qui a vu le jour en quelques semaines, en mars 2020. Après le déconfinement, une de ses créatrices continue l’action, différemment, aux côtés d’Aider à Aider pour valoriser les intégrations de patients dans les projets d’accompagnements. Interview d’Anne Schweighofer.
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